• Un des premiers mots qu'on apprend en arrivant au Japon, dépassé le stade de "bonjour" "Comment ça va?" et "je m'appelle... ", c'est "gambaru " (= persister, persévérer). Concept tout japonais... Au début, on est très content de connaître un nouveau mot, surtout qu'il est très souvent utilise dans la conversation et en plus, on peut le décliner a toutes les sauces "gambaru", "gambarimasu", "gambate" , "gambate kudasai ". Ces 2 dernières expressions étant traduites pudiquement dans mon dictionnaire par "bon courage " mais très rapidement on se rend compte que la traduction, certes beaucoup moins élégante mais tellement plus juste, serait  «je ne veux pas savoir si c'est impossible ou trop difficile, ce n'est pas mon problème, demer... toi pour réussir. Bon, moi j'y vais, a plus ».

    Surtout dans mon labo. Mon collègue russe et moi, on a très vite compris la mise en situation du « gambatte » :

    1. un de vos collègues vous emmène devant une machine très compliquée et de préférence chère et fragile et que vous voyez  pour la première fois
    2. il vous dit que la machine que vous devez utiliser c'est celle-la
    3. éventuellement il vous montre le bouton marche/arrêt  
    4. il vous lance un « gambatte »
    5. et il sort

      Inutile de préciser que vous ne verrez plus personne de la semaine sauf à la réunion de groupe ou on va vous demander d'un air sévère comment vos manips avancent.

      Au final, au bout de quelques mois, a raison de plusieurs « gambatte » dans la journée, on développe un réflexe primaire de gaijin : on a envie de mettre un coup de tête au premier gars qui aura le malheur de nous dire le mot.

      Je me suis réconciliée avec ce mot le jour ou j'ai lu un article sur un mouvement qui s'appelle les « gambaranai ». « Gambaranai » c'est la forme négative de « gambaru ». Vous voyez tout de suite l'interet du concept. D'après les infos que j'ai trouvées, le mouvement est ne à Iwate une ville du nord-est du Japon en 2001. Les gambaranai sont dans l'ensemble de jeunes japonais tendance "peace and love, on tricote nos pulls avec la laine de nos moutons et on fait notre propre fromage". Le slogan "gambaranai" est censé symboliser un Japon nouveau et representer une sorte de « promesse pour aider les japonais a réaliser que dans la vie il n'y pas que le travail ».

      Esprit subversif s'il en est, j'ai donc essaye d'introduire le concept dans mon labo et j'ai ose le "gambaranai" un jour ou je parlais a Gros Rocher. Bon, ça n'a pas vraiment marche, je m'en doutais. Il a du simplement croire que j'avais confondu forme affirmative et negative.


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  • La, vous vous dites "n'importe quoi d'abord, c'est jeudi aujourd'hui"
    Oui, MAIS, je vais vous parler de vendredi dernier, ah, ah.


    Donc, vendredi dernier, le thesard chinois du groupe nous a appris qu'il etait marie...depuis fevrier dernier.
    Bon, il ne nous l'a pas dit directement, il est passe par les voies hierarchiques, on est au Japon quand meme, ne l'oublions pas meme dans des ces moments-la. Donc, il l'a dit a Prof. de la Riviere dans la Longue Vallee qui nous a ensuite transmis l'info.
    Nous avons recu un mail quelques jours plus tard de la part du collegue en question, nous disant qu'il n'avait pas su trouver les mots, ni le moment opportun blablabla, que ca s'etait fait de facon tellement naturelle et tout, mais bref, quoi, il ne pouvait pas le dire plus tot.
    Et une phrase simple du style "je vais me marier" avant de partir en "vacances" en Chine en fevrier dernier, non, ca "ne le faisait pas"?


    Bref. La ou je lui en veux, c'est qu'il a choisi pile le jour ou j'avais prevu de m'echapper discretement du labo a une heure indecente (ie tres tot selon les criteres japonais) pour faire sa revelation. Du coup, tout le monde a bien remarque vendredi soir a la soiree immediatement organisee en l'honneur du jeune marie que je n'etais pas la...
    Et lundi j'ai eu droit en boucle a "Alors, il parait que tu es allee voir un spectacle de danse vendredi soir, he, he" de la part de Prof. de la Longue Riviere dans la Vallee, Gros Rocher, et toute la bande des etudiants.

    Aaaaargh.


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  • Mon prof de Buto, comme tout bon danseur de Buto qui se respecte est generalement d'humeur sombre. Quand je lui ai dit que j'allais certainement rentrer en France bientot, il m'a repondu:

    "Oui, un jour ou l'autre, chacun rentre dans son pays: le pays des morts."

    Hum...on va pas aller boire un petit verre pour feter mon depart plutot?


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  • (bon, je previens, c'est un peu "blague pour scientifiques")

    Aujourd'hui, en cherchant des references bibliographiques sur le site web de la bibliotheque, je suis tombee sur le compte-rendu d'une ecole d'ete qui s'appelle "Nato Summer School on Metallic and Non-Metallic Thin Films". La, mon coeur a bondi joyeusement dans ma poitrine: c'est possible d'apprendre plein de chouettes trucs sur les couches minces metalliques ET non-metalliques tout en se baffrant de nato, cette divine nourriture japonaise? Il fallait absolument que je verifie et je suis donc partie toute guillerette vers la bibliotheque pour mener mon enquete.

    Et alors me demanderez-vous? Et bien, je ne sais toujours pas en fait. En furetant dans les rayons je me suis arretee en chemin sur un bouquin intitule "The Casimir Effect, 50 Years After" et mon ame d'enfant a ete plus forte que la mangeuse de nato que je suis...


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  • Ce matin en arrivant, je vois Gros Rocher, l'air fatigue (enfin, je veux dire, l'air encore plus ravage que d'habitude). Je lui demande ce qui se passe. Il me dit qu'hier soir (soit dit en passant hier = dimanche) il a eu une idee  pour faire un nouvel evaporateur de metal pour le labo. Il m'explique son idee, je ne comprends pas bien ou est l'interet mais il a l'air content alors, je souris moi aussi, histoire d'avoir l'air de partager son enthousiasme. En tout cas, il est arrive ce matin a 7h pour se mettre au travail et en plus il etait tellement excite que la nuit derniere il n'a pas pu fermer l'oeil. D'ou les cernes sous les yeux.

    Franchement, si j'avais ce genre d'idee, je pense que moi aussi je ne pourrais pas fermer l'oeil de la nuit. Pas a cause de l'excitation mais parce que je serais effondree de n'avoir rien d'autre a faire que de penser a de tels trucs, surtout un week-end.


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